Peu de temps après sa rupture avec Freud, Jung fait en 1913, le rêve suivant :
Il y avait un ciel bleu, mais on aurait dit la mer. Il était couvert non pas par des nuages, mais par des mottes de terre. On avait l’impression que les mottes se désagrégeaient, et que la mer bleue devenait visible à travers elles. Mais cette mer était le ciel bleu. Soudain, apparut un être ailé qui venait en planant de la droite. C’était un vieil homme doté de cornes de taureau. Il portait un trousseau de quatre clés dont il tenait l’une comme s’il avait été sur le point d’ouvrir une serrure. Il avait des ailes semblables à celles du martin-pêcheur avec leurs couleurs caractéristiques.
Quelques jours plus tard Jung, se promenant sur les bords du lac de Zürich, découvre un martin-pêcheur, mort. Cette coïncidence (non encore nommée synchronicité) le frappe d’autant plus qu’il était exceptionnel de voir ce type d’oiseau en cet endroit. Coïncidence encore avec les ailes du vieil homme… qui avait des ailes semblables à celles du martin-pêcheur avec leurs couleurs caractéristiques.
Les commentaires qu’en fait Jung dans Ma vie mettent l’accent sur ce qui s’avèrera capital et confirmera l’orientation de ses recherches ultérieures, à savoir l’objectivité psychique et la réalité de l’âme révélées par ce fait du hasard et l’enseignement du “vieil homme”.
Coïncidence qui prendra tout son sens en lui faisant voir qu’”il existe dans l’âme des choses qui ne sont pas faites par le moi mais qui se font d’elles-mêmes et qui ont leur propre vie…”
Cependant Jung exprime clairement que le chatoiement des couleurs du martin-pêcheur et leur beauté ne doivent pas voiler le sens et la portée de cette révélation.